A l'occasion de la sortie du Crime de la rue Botzaris, de Patrick Marsaud, la galerie XIII-X expose les illustrations de Nicolas Barral tirées du livre. L'auteur et l'illustrateur reviennent sur la genèse de ce polar historique et la passion qu'ils partagent pour le vieux Paris.
Comment est née l’idée d'une collection de livres sur les histoires parisiennes chez Michel Lagarde (NDRL l’éditeur du journal) qui compte déjà quatre titres ?
Patrick Marsaud : La collection est née de notre rencontre en novembre 2020, qui a permis à Belleville 1965 et au Faussaire de voir le jour en mai 2021. Belleville 1965 ayant correctement marché, l’éditeur m’a proposé de réaliser deux nouveaux livres qui viennent de paraître : Le Paris de Maurice Bonnel, et Le Crime de la rue Botzaris, que Nicolas Barral a illustré.
Comment passe t’on du Paris des années 50 de Nestor Burma à celui de la fin du 19e ? La recherche de documentation est-elle un élément décisif avant de démarrer ? Pourquoi avez vous accepté, entre deux albums de BD, de faire un pas de côté avec ce premier livre illustré ?
Patrick Marsaud : Deux mois de recherche dans les journaux de l’époque.
Nicolas Barral : Je n’avais jamais eu l’occasion d’illustrer un roman. J’avais envie de me frotter à l’exercice et de marcher dans les pas des dessinateurs qui officiaient au sein des bibliothèques rose et verte, ces livres illustrés à destination d’un public adolescent qui m’ont laissé de grands souvenirs en tant que lecteur. L’originalité du crime de la rue Botzaris est qu’il ne s’adresse pas spécifiquement à la jeunesse. J’ai pu ainsi laisser parler ma fibre naturaliste, qui s’accorde assez bien, je crois, avec l’époque traitée. Le texte de Patrick Marsaud cultive une certaine nostalgie pour un Paris oublié. C’est un goût que nous partageons et que j’avais déjà eu l’occasion d’exprimer dans mes dessins réalisés pour le catalogue Nicolas, et surtout au travers de ma reconstitution des années 50 dans ma reprise de Nestor Burma. Pour l’aider, l’illustrateur dispose heureusement d’un très grand nombre de documents photographiques et d’illustrations d’époque, dont certains m’ont été fournis par l’auteur, qui ont servi à donner corps à chacun des dessins et des cabochons qui ponctuent le récit. Sur la trentaine d’illustrations proposées, une vingtaine a été retenue. Je suis très content de cette première expérience.
Quel a été l’impact sociétal de ce fait divers et comment avez-vous eu l’idée de l’associer au contexte politique ?
Patrick Marsaud : Ce fait-divers a eu un grand retentissement… pendant quelques semaines. Le 30 octobre 1892, une femme découpée en morceaux, à laquelle il manquait non seulement les mains et la tête, mais aussi les seins et les parties les plus charnues de son anatomie, cela émoustillait sans doute les lecteurs des journaux de l’époque. En l’absence de son sexe, on doutait même que ce soit une femme. Mais l’enquête s’est vite enlisée, les autres morceaux du cadavre n’ont pas été retrouvés, la femme et son assassin n’ont pas été identifiés. De temps en temps, comme en 1897, la découverte d’une tête, relançait l’intérêt pour l’affaire, puis la piste était abandonnée. J’ai effectué des recherches jusque dans les années 1920. La femme sans tête de la rue Botzaris est restée anonyme. J’ai donc eu l’idée de rattacher cet évènement à d’autres faits importants de l’année 1892. Cette année-là, les journaux ont beaucoup parlé des attentats anarchistes de Ravachol, puis de son exécution en juillet.
Comment s’est déroulé votre collaboration ?
Patrick Marsaud : Très bien ! Le dessinateur Nicolas Barral a lu la première mouture de l’histoire, et m’a donné quelques conseils pour l’améliorer. Il a ensuite travaillé sur les illustrations, sans nécessairement respecter les détails à la lettre. Ses dessins sont donc en quelque sorte son interprétation de l’histoire, ce qui en fait aussi l’originalité.
Nicolas Barral : La collaboration a été très harmonieuse, tant avec l’auteur Patrick Marsaud qu’avec l’éditeur Michel Lagarde et tous les collaborateurs qui ont œuvré à façonner ce très bel écrin. Je veux saluer ici en particulier le travail remarquable de David Rault.
Exposition du 21 avril au 7 mai 2022
Galerie XIII-X, 13 rue Taylor, 75010 Paris
Ouvert du mercredi au samedi de 15h à 19h