Patrick Mandray

Patrick Mandray est né à Pau en 1950 et a vécu à Bordeaux où il s'est éteint en juillet 2015. C’est au cours d'une première escale parisienne qu'il démarra sa carrière de dessinateur d'humour. Sa signature raccourcie, Man, apparaissait pour la première fois dans un numéro mémorable d’Opus, sur le « dessin d’humour et la contestation », en 1972, aux côtés de ses prestigieux ainés Bosc et les Bordelais Chaval et Sempé. Ayant fait le choix de quitter Paris pour Bordeaux, c’est sans doute dans les recoins des cafés que son œuvre s’est construite, où son don d’observation s’aiguisait à l’abri des regards, là où il aimait aussi refaire le monde avec ses amis.

Extrait du magazine "Le festin"

Article paru dans Le Festin hiver 2016 :

 

« VOUS DIREZ À CE MONSIEUR QU’IL A BEAUCOUP DE TALENT... » Il lui aura sans doute manqué un support de presse régulier et un éditeur acharné pour le faire connaître en dehors d’un cercle d’initiés, si bien qu’une grande partie de son œuvre est restée dans ses cartons, qu’il faudra bien ouvrir un jour. Il réalisa également quelques livres jeunesse, dont les merveilleuses aventures de Tom Sarah et Tombola, dédiées à sa fille Élodie. Lors de notre première rencontre, c’est la découverte émerveillée d'un grand pastel de Van Gogh dans une cage, devenu bête de foire pour un cirque misérable, et d’une cinquantaine de tableaux au format raisin qui scella notre amitié. Il y rendait hommage à ses maîtres : de James Joyce à Lewis Carrol, sans oublier Le Cri, de Munch. Ces images extraordinaires auraient pu lui ouvrir quelques belles portes du New Yorker au New York Times mais le destin est parfois capricieux. Un jour, Sempé, qui marchait d’un pas altier dans les allées du salon du livre de Bordeaux, fut interrompu dans sa course par ces fameux pastels de Mandray, qu’il observa avec considération. Son silence, admiratif, se conclut par : « Vous direz à ce monsieur qu’il a beaucoup de talent. » Ceux qui l’ont approché le savaient déjà et rêvaient peut-être à sa place d’un autre destin professionnel, mais Patrick Mandray avait choisi de faire ce fameux « pas de côté » dont parlait son confrère Gébé, et de vivre d’abord sans concessions et à son propre rythme. Je regarde souvent ce Van Gogh en cage, acheté lors de notre première rencontre et lorsque je pense à lui, je me surprends à siffloter « Il est libre Man... » Michel Lagarde