Colette Portal

Colette Portal voit le jour le 9 mars 1936 à Paris.

En 1954, elle s'initie à l'histoire de l'art, étudie le dessin et la peinture à l'huile chez les soeurs Coutant et photographie beaucoup, les amis, la nature, la vie. En 1957, elle fait la rencontre  de Jean-Michel Folon qu'elle épouse en 1961 et qui lui fait découvrir Bruxelles, Ostende, Magritte et les gaufres au sucre. Les artistes travaillent côte à côte. Colette réalise La Vie d'une Reine, inspirée de  la vie des fourmis et publiée dans Marie-Claire en 1959.

Leur fils François naît en 1963. La même année, Colette entreprend La vie des abeilles à l'encre de Chine et réalise des essais à l'aquarelle pour différents magazines.

 

En 1989, elle expose le Jardin de Buffon dans les écuries de Buffon à Montbard et réalise ses premières photos pour Le chaos immobile, fabuleux décor de pierres qui fera l'objet d'un tournage en 1994.A partir de 1996, Colette Portal fera de fréquents séjours en Italie, surtout à Pompéi. Ses dessins et photos seront exposés en 2002 à Naples.

 

Après la mort de Jean-Michel Folon survenue en 2005, elle photographie Les Larmes de la pluie et dessine Colères, des encres de Chine sur papier de riz.

 

Depuis ses débuts, Colette Portal ne cesse d'explorer le champ infini qu'offre l'art sous toutes ses formes. 

À la redécouverte de Colette Portal par Janine Kotwica

Par Janine Kotwica pour le site Ricochet :

 

Deux expositions printanières dans des établissements prestigieux remettent en lumière la discrète et talentueuse COLETTE PORTAL, illustratrice, peintre, vidéaste et photographe. La FONDATION FOLON présente, du 4 mars au 31 juillet 2016, à La Hulpe, près de Bruxelles, sous le titre PRÉMICES, de nombreux dessins, photographies et gravures tandis que LA PISCINE, musée d'art et d'industrie de Roubaix, expose, du 19 mars au 5 juin 2016, sonRendez-vous au lion, film d'animation qui relate les travaux de mutation de la piscine de la rue des champs, « avec ses eaux glauques des ébats passés », en un fabuleux musée où « tous les Arts se retrouvent, dans l’harmonie d’un espace retrouvé ».

 

 

Le musée de la piscine de Roubaix - Photo : www.nordmag.com



Pour beaucoup, Colette Portal est à jamais cette charmante jeune fille qui épousa Jean-Michel Folon en 1961 et lui donna deux enfants, François et Catherine. Mais d'aucuns murmurent que ce fut cette artiste accomplie qui initia son célèbre compagnon à l'aquarelle...
Elle, elle dit modestement : « Nous dessinons côte à côte. J'apprends de lui, il apprend de moi. »
Une escapade sur son site nous fait découvrir une grande voyageuse, enthousiaste, curieuse et attentive, qui fait son miel des lieux et des rencontres, et a noué une féconde relation d'amour avec la Campanie dont elle photographie et peint avec émotion ruines et paysages.
Dans sa passionnante et si sensible biographie se côtoient amicalement tous les grands noms des arts graphiques du monde, Roland Topor, Milton Glaser, André François, Philippe Corentin, François Barré, François Mathey, les Blechman et tant d'autres gens de lettres ou d'écran...
 
Son parcours de vie est jalonné de livres qui ne sont pas passés inaperçus. Publiés pour la plupart dans des collections destinées à la jeunesse, ils s'adressent cependant à tous les publics.
 
En 1958, Marcel Haedrich, directeur artistique de la revue Marie-Claire, lui commande trois dessins de fourmis. Inspirée par la lecture de Maurice Maeterlinck, de Karl von Frisch et Jean-Henri Fabre, elle crée trente-cinq encres de Chine que la revue publiera l'année suivante, en bichromie, sur huit pages, prémices de l'album La vie d'une reine, en couleurs, qui sera publié à Munich, New York, Milan, Copenhague, Londres et à Paris, chez  Hatier, en 1964, dans la collection « Tuileries ». Les originaux du livre, exposés à la Fondation Folon, sont un enchantement.
Le propos du livre, méditation émue sur le sens de l'existence, déborde largement des limites d'un simple documentaire. « De cette histoire du monde animal où la tendresse ne semble pas apparente, écrit-elle, j'en fis une histoire humaine, où les rites les plus ordinaires ressemblent à ceux des humains. Le départ pour la vie, le choix du mâle ou de la femelle, la mort de l'un ou l'autre par l'abandon de l'autre ou de l'un, et malgré tout, veiller à la progéniture, puis revivre...., se relever pour rester à jamais debout... » Une symbolique profonde bien caractéristique de son esprit généreux. The Life of a Queen est élu, en 1964, parmi les dix meilleurs livres de l'année par The New York Book Review. Et c'est sans doute par affection pour ces étonnantes bestioles qu'elle a peint deux fourmis aux pattes graciles sur le faire-part qui annonce son mariage avec Folon...


 
En 1967, elle met en  images, pour les éditions du Cerf, dans la petite collection des « Albums de l'Arc-en-Ciel », La création du monde, un texte du charismatique AUGUSTE-MAURICE COCAGNACSes aquarelles, divinement lyriques, cousinent subtilement avec l'abstraction et servent à merveille l'atmosphère rêveuse de ces mystérieux commencements.

C'est à d'autres secrètes origines qu'est dédié The Beauty of Birth, inspiré par la naissance de ses enfants. Grâce à sa pugnacité, il paraîtra chez Knopf en 1971 et en France deux ans plus tard (Le premier cri, Éditions du Chêne) : 
« Pour laisser cette suite romanesque dans son intégralité, telle que je l’avais conçue,
il a fallu batailler pour la rencontre d’un ovule et d’un spermatozoïde. L’éditeur américain refuse d’éditer le livre avec les aquarelles du zizi et du zozo dans leur réalité toute nue. Finalement le zizi et le zozo seront imprimés. »
La dame ne manque pas d'humour !





Sous la houlette de François Ruy-Vidal, grand admirateur de son travail, elle illustre les notices humoristico-savantes du Pense-bêtes de Jérôme Peignot, un catalogue d'insectes sur des fonds de couleur intense, dont les gouaches très raffinées s'inspirent des jeux de cartes indiens (Grasset Jeunesse, 1974, « Albums Trois pommes »).
 
Les ravissantes aquarelles ainsi que les textes de La nature racontée, qui paraît chez Gallimard en 1979, confirment la qualité du regard porté par cette poétesse du vivant sur la nature, petites bêtes et plantes, nuages, cieux et volcans.
 




De 1978 à 1983, elle dessine et photographie Le Jardin de Buffon, inédit jusqu'à ce jourLes cinquante dessins et les trente photographies, presque tous exposés à La Hulpe, rendent à merveille les déambulations aventureuses et mélancoliques des visiteurs du Jardin des plantes de Paris. « Ensemble ou seuls, jeunes ou nostalgiques, curieux ou indifférents, peintres, comptables, amoureux, exhibitionnistes, amants ou couples tristes, toutes les différences se promènent en ce jardin... La balade est ce qui reste de l'enfance, quand l'imaginaire partait en voyage aux antipodes, avec sa sensibilité à vif pour bagage. Les odeurs, les bruits, les êtres et les choses avaient une présence terrestre. Cette présence silencieuse souffle sur les promeneurs de jardin le don d'enfance à ne jamais oublier. »
Des lignes inspirées qui témoignent de sa belle qualité d'écriture.
 
Pour accompagner leurs expositions, plutôt que d'éditer un catalogue, Stéphanie Angelroth, directrice de la Fondation Folon, et Bruno Gaudichon, conservateur du musée de La Piscine de Roubaix, ont confié à Michel Lagarde, éditeur et galeriste parisien, la mission d'éditer Le Jardin de Buffon ainsi que, avec une maquette renouvelée, La Vie d'une reine, en leur joignant un appareil critique – bio-bibliographie et textes de présentation : une belle initiative qui permettra, on l'espère, de faire redécouvrir une artiste rare et trop méconnue.
 

A découvrir : 
Colette Portal, LE JARDIN DE BUFFON, Michel Lagarde, 2016
Colette Portal, LA VIE D'UNE REINE, Michel Lagarde, 2016



 

 

 

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