Bio

Maria Rostocka, née en 1981 à Varsovie, peintre et illustratrice.

 

Après avoir obtenu un baccalauréat économique et social français, elle a fait des études en peinture aux Beaux Arts de Varsovie. Depuis sa sortie d’école en 2007 elle travaille en tant que peintre, avec plus de vingt expositions a son compte, elle s'essaie au domaine de la bande dessinée, qui n'est pas un genre très populaire en Pologne. Néanmoins elle vient de décrocher en décembre 2011 le prix pour la meilleure bande dessinée du Musée de  l'Insurrection de Varsovie, l'un des prix les plus important du pays. Elle parle couramment français, anglais et polonais.

 

En janvier 2013 est paru L'Ours le Chat et le Lapin aux Éditions Michel Lagarde, sa première publication française.

Entretien

 

Les Éditions Michel Lagarde : Comment est né ce projet et quelle est la répartition du travail  entre Michal Rostocki et toi ?

 

Maria Rostocka : Nous avions dans l'idée de réaliser un projet ensemble depuis un certain temps, puisque je dessine, et que Michal a des facilités à inventer des histoires. Nous aimons beaucoup le manga japonais, surtout les dessins animées de Hayao Miyazaki. Je n'aime pas trop la littérature de fantaisie, nous avions donc pensé créer un univers surréel, mais qui n'ait rien en commun avec ce registre. On voulait créer quelque chose de nouveau.

 

Nous avions beaucoup évoqué l'idée d'un projet commun, mais sans décision

concrète, jusqu'au jour ou Michal m'a offert les onzes premières pages du

scenario, chacune bien esquissée, pour mon anniversaire. Tout le monde a

trouvé ça très romantique, mais ce qui l'est moins c'est qu’après avoir fait quelques croquis de personnages j'ai mis le tout en haut d'une étagère dans mon atelier, et je n'y ai pas touché pendant au moins six mois. Ensuite, je me suis remise à faire des croquis, pour ne pas décourager Michal. J'ai relevé le défi en dessinant toutes les nuits au fur et à mesure que je recevais de nouvelles pages de scenario. L'histoire me plaisait de plus en plus, j'ai même fini par adorer ce projet, et par dessiner  pratiquement à plein temps. 

 

Comme nous sommes un couple, nous avons passé beaucoup de notre temps

libre à discuter de ce projet, pour faire des changements et améliorer

notre travail. Évidemment nous nous sommes aussi beaucoup disputés,

surtout au début. Après un certain temps nous avons appris à collaborer,

et je pense que l'effet de cette collaboration à même surpassé nos

attentes. D’abord parce que nous avons réussi à mener ce projet

à son terme, au bout de deux ans.  

 

Nous avons l'intention de retravailler ensemble sur une deuxième

bande dessinée, (qui ne sera pas la continuation de celle-ci) ce qui est

la preuve que finalement nous aimons bien travailler ensemble.

 

 

Les EML : Tu as reçu un prix très important en Pologne.

Peux tu nous parler de tes débuts dans la Bande dessinée et de la  

reconnaissance de la BD en Pologne ?

 

MR : La Pologne est un pays qui compte 38 millions d'habitants, mais le

monde de la bande dessinée est insignifiant. Il y a plusieurs petits

festivals, et quelques concours. La bande dessinée historique est probablement le seul genre accepté du grand public, et présent dans les médias. La bande dessinée a servi de médium pour raconter l'histoire compliquée de notre pays aux jeunes depuis les années 50. Même Grzegorz Rosinski (le dessinateur de Thorgal) a fait ces débuts dans ce genre. 

J'ai reçu le prix de la meilleure BD historique sur le thème de l’Insurrection de Varsovie, qui est un prix attribué chaque année, pour une bande dessinée courte dont je suis aussi la scénariste. À part L'ours, le chat et le lapin dont le scenario est de Michal, je réalise moi-même mes scénari. 

 

Les EML : L'ours le chat et le lapin est une bande dessinée muette.

Penses-tu pouvoir faire passer plus d'émotions en te passant des mots, et cela laisse-t-il plus de place à l'imagination de tes

lecteurs ? 

 

MR : Nous avons voulu créer une histoire qui laisse plusieurs possibilités

d’interprétation, et qui puisse être une aventure différente à la deuxième ou troisième lecture. Le fait de faire une bande dessinée muette était aussi plus naturel pour moi, je suis peintre et j'ai l'habitude de m'exprimer uniquement à travers l'image. Je pense que la narration muette exige plus d'attention et de

réflexion de la part du lecteur. C'est exactement cet effet que nous voulions obtenir.

 

 

Les EML : Comment se présentent tes originaux (qui seront exposés à Paris en février 2013) ?


MR : Les planches sont en format A3, dessinées sur du papier

carton blanc d'une épaisseur de 1,5 mm, à la gouaches et aux crayons

de couleur. il y a beaucoup de planches dont les vignettes on été

dessinées séparément, mais le tout est réalisé dans la même échelle.