Bio

Quentin a grandi à Paris.

 

Après des études d’arts appliqués à l’ESAA Duperré puis à l’école Estienne, il se lance dans l’illustration : il collabore avec différentes agences de communication et dessine pour la presse internationale (The New-York Times, Télérama, revue XXI…).

 

Grand amateur de bande dessinée, il signe dans ce registre Eugène, son premier travail publié aux Éditions Michel Lagarde en janvier 2013.

 

(crédit photo Ludovic Bollo)

Entretien

 

Les Editions Michel Lagarde : Tu viens de terminer "Eugène" ton premier livre qui sortira à la fin janvier (lors du festival d'Angoulême). 
Quel a été le déclic pour passer d'un travail d'illustrateur (représenté par Illustrissimo) à celui d'auteur complet ?

Quentin Vijoux : J’ai toujours été attiré par la narration : je crois que j’ai depuis toujours envisagé le dessin comme une manière de raconter des histoires. Je me suis plongé dans la BD dès l’enfance et j’ai toujours réalisé, en parallèle de mes études puis de mon travail d’illustrateur, de petits récits, dans mon coin.
Il n’y a donc pas eu réellement de déclic, le passage s’est fait très naturellement...

Les EML : Ton univers oscille entre une approche intimiste des personnages et un univers résolument fantastique. Quel a été le point de départ de ton histoire et qui est ce mystérieux Eugène ?

Quentin Vijoux : Le récit est construit autour de différentes images que j'avais en tête et que j'avais envie de dessiner, mais le point de départ est l’idée de la greffe et du donneur anonyme.
Eugène est un personnage dont on ne sait pas grand chose en effet : il est volontairement peu défini car il n’existe que pour illustrer l’absurdité, la contingence, la fatalité. Un autre aspect qui me tenait à cœur était de représenter un personnage qui subit les circonstances sans jamais réussir à les maîtriser ni à se rebeller : réalise-t-il ce qui lui arrive ? ou alors y est-il insensible ? Un peu comme dans un rêve, les événement les plus improbables sont acceptés, bon gré mal gré, et Eugène est prisonnier d’une logique onirique/cauchemardesque qui lui échappe mais à laquelle il doit se résigner.
Les EML : Tu t'affranchis de la contrainte des cases pour faire respirer ton trait. On peut penser à un univers proche de celui Ludovic Debeurme dans ta manière très libre de composer tes planches, est-ce une influence directe, ou une nouvelle manière d'aborder de biais un genre très codifié  ?

Quentin Vijoux : J’ai longtemps cherché à m’extirper du format très codifié de la BD (j’ai même fait un rejet total à une certaine époque), et la composition de planches "sans cases" me semble être une alternative intéressante car elle permet d’entrer dans un univers de façon légèrement détournée, vaporeuse... tout en donnant une très belle place au dessin et à la planche en tant qu’image.
La découverte du travail de Ludovic Debeurme a été importante en effet, mais je ne crois pas que son univers m’aie directement influencé : je me tourne vers une forme plus légère, plus naïve, en essayant de jouer avec l’humour, la cruauté et l’absurde. Parmi mes influences, je pourrais citer Franz Kafka (pour ses figures prisonnières de mécaniques cauchemardesques), Alain Robbe-Grillet (pour ses personnages mystérieux qui n’existent que pour illustrer un propos), Éric Rohmer (pour ses études sensibles des rapports humains/amoureux), mais aussi de nombreux jeux-vidéo et de vieux films fantastiques de série Z...

Les EML : Ton travail sur "Eugène" est en noir et blanc. Envisages-tu la couleur pour la suite, ou est-ce un parti-pris sur le long terme ?

Quentin Vijoux :   Je ne saurai dire s’il s’agit d’un parti-pris sur le long terme, mais c’est vrai que j’aime beaucoup le dessin noir et blanc.
 J’y retrouve une forme de pureté, de simplicité, qui me permet de privilégier ce que j’aime le plus et ce à quoi je suis le plus sensible : le trait.
Travailler sur ce premier livre a été un vrai plaisir et j’ai déjà d’autres projets en tête pour la suite...