Joanna Journo et Sophie Druet, petite-fille de l’artiste, nous parlent de leur rencontre, de leur attrait commun pour ce dessinateur à l’origine de cette exposition d’originaux à la galerie XIII-X.
Joanna, comment vous est venue l’idée d’exposer Peynet et comment s’est passée la rencontre avec la famille?
J’ai rencontré Sophie, petite fille de Raymond Peynet, en janvier via Instagram, suite à un post consacré à Peynet pour souhaiter une bonne année 2022 sur mon compte Un jour une illustration. Après le succès de l’exposition Traits d’humour en février 2022 et la reprise avec Michel Lagarde de la programmation de la galerie XIII-X , je souhaitais de tout cœur démarrer ce beau projet avec une exposition consacrée à Peynet. Ses dessins des années 1950-1960 m’ont toujours beaucoup plu – surtout les dessins publiés dans la collection Perpetua Books dirigée par Ronald Searle ! D’ailleurs, j’ai retrouvé une grande partie des dessins exposés dans ces cinq livres. Après ma rencontre avec Sophie Druet, j’ai rencontré Annie Peynet, la fille de Peynet, à Biot. J’y ai découvert l’atelier de Peynet, des affiches, les premières éditions des poupées Peynet. Notre rencontre a été joyeuse, et j’ai été émue de découvrir pour la première fois des dessins originaux de Peynet, de la période à laquelle il dessinait pour Ici Paris, le journal Le Rire et d’autres… période que je préfère ! Enfin, j’ai rencontré Félix, son arrière-petit-fils, qui a merveilleusement mis en couleurs les dessins de son arrière-grand-père pour éditer une collection de tirages. Cette exposition fait dialoguer d’une belle façon trois générations, et je trouve cela très enthousiasmant.
Sophie, quel rapport entretenez vous avec l’œuvre de votre grand-père? L’œuvre Peynet est elle toujours aussi vivante à travers le monde (livres, expositions, musées, produits dérivés, etc.) ?
Je suis toujours impressionnée par tout ce qu’il a produit, il vraiment touché à tout : dessins de presse, décors de théâtre, publicités, illustrations de livres, porcelaines, étoffes et jusqu’à ses poupées au succès inouï. Aujourd’hui je trouve dommage que tout un pan de son travail (et certainement le plus important) soit un peu tombé dans les oubliettes, même si deux musées lui sont consacrés, le premier à Antibes et le second au Japon. Nous avons choisi avec mon frère Marco de montrer toute cette partie de son œuvre que nous aimons particulièrement, afin de continuer à transmettre cet héritage et à le faire vivre au delà de le célébration de la Saint Valentin !
Quelle serait la meilleur manière pour le faire connaître auprès des nouvelles générations? En quoi cette exposition est-elle exceptionnelle et pourquoi le choix de cette période de son œuvre au début des années 50?
Joanna Journo : Peynet est le créateur du couple mythique des amoureux, qu’il a mis en situation des centaines de fois, toujours avec humour, poésie, ironie et tendresse. J’ai une préférence pour ses dessins des années 1950. C’est, à mon sens, une des périodes les moins connues du grand public, et celle que je préfère. Cette exposition est une belle occasion de montrer un pan du travail de Peynet, qui a trait au dessin d’humour et au dessin de presse. La meilleure façon de le faire découvrir auprès de la nouvelle génération serait dans une version en couleurs – comme les merveilleux tirages qui sont exposés dans le cadre de l’exposition Peynet à cœur ouvert, avec les belles couleurs de Félix Laurent, son arrière-petit-fils. Associer les amoureux à des histoires contemporaines et actuelles serait aussi une belle façon de faire (re)découvrir Peynet – ses dessins s’y prêteraient parfaitement, avec un léger et délicieux décalage avec les modes de communication de la génération actuelle !
Sophie Druet : Je trouve que l’exposition à la galerie XIII-X est une belle démonstration de ce que nous aimerions montrer à l’avenir du travail de notre grand-père, mais que je pense que Joanna est la mieux placée pour répondre à cette question… j’en profite d’ailleurs pour la remercier chaleureusement, ce coup de jeune est très enthousiasmant, ainsi que Michel Lagarde qui nous fait l’honneur d’accueillir les amoureux. J’aime particulièrement son trait, que je trouve résument très moderne, dans les dessins de presse des années 50 ainsi que son sens du détail. Il y a une fantaisie et une légèreté particulières et puis aussi cette fausse naïveté qui lui ont permis de glisser des seins et des fesses sans que personne ne s’en offusque, alors que ses dessins étaient publiés dans une presse très populaire.
L’œuvre de Peynet est elle toujours rééditée en France et à l’étranger , et y a-t-il des projets dans ce sens ?
Sophie Druet : Peynet est toujours très présent au Japon, il symbolise assez bien ce que les japonais aiment de la France : la mode, Paris, le côté romantique et artistique. Projet de livres, et peut être aussi d’un café Peynet au Japon et à Paris mais là il est encore beaucoup trop tôt pour en parler !
Joanna, quelle est la ligne éditoriale de votre jeune maison d’édition et vos prochains projets d’exposition avec la galerie XIII-X?
J’ai créé ma maison d’édition. Mes prochaines expositions avec la galerie XIII-X et Michel Lagarde mettront à l’honneur le patrimoine de l’illustration et les jeunes talents. J’ai à cœur de faire découvrir et d’éditer des images qui créeront des émotions, des pensées joyeuses et éphémères à chaque coup d’œil. Et j’ai la chance de travailler avec des artistes aussi talentueux que passionnants ! Une exposition sera d’ailleurs consacrée à ma collection de tirages en septembre 2022… à suivre !
Joanna, à quel prix peut-on s’offrir une œuvre de Peynet (print et originaux) ?
Les dessins originaux de Peynet sont mis en vente entre 650 et 1800 euros. Les 14 tirages sont proposés entre 60 et 100 euros, chaque tirage étant limité à 30 exemplaires. Les tirages seront en vente à la galerie pendant toute la durée de l’exposition et après, dans l’espace boutique, et sur le site internet www.unjouruneillustration.com