Comtoise par ses origines familiales, Parisienne par le lieu de sa naissance, , Suzanne Humbert était bien, en fait une enfant de chez nous, car la véritable petite patrie d'un artiste est celle qui prépare son coeur à entendre les premiers appels de l'art.
Née à Paris le 4 août 1913 Suzanne Humbert passa chaque année de longs mois de vacances au Raincy, de 1921 à 1935. Bachelière à 17 ans, licenciée en droit à 20 ans, elle se désintéressa des avantages pratiques que promettaient des grades universitaires si rapidement conquis et se tourna résolument vers l'étude du dessin pour laquelle quelques professeurs clairvoyants avaient distingué chez elle des " facilités".
Deux années de travail à l'académie Julian, d'où elle sort deux fois première ( 1933-1934), deux autres années d'académies libres ( Colarossi et Grande Chaumière, 1935-1936), confirment qu'il ne faut plus parler de " facilités" mais d'impérieuse vocation.
Entrée à l'école des Beaux-Arts en 1937 dans l'atelier d'Espagnat et Jaudon pour la lithographie, Suzanne Humbert y conquiert en cinq ans une vingtaine d'estimables récompenses et sort en 1942, sixième logiste pour le concours de Rome.
Entre temps, cette carrière qui s'ébauche si heureusement reçoit de précieux encouragements. A l'école, Suzanne Humbert remporte les prix d'Attainville et Fortin d'Ivry, elle est sociétaire du Salon d'automne où Vuillard enthousiaste, l'a fait entrer ; le Salon des Tuileries l'invite régulièrement et, en 1941, elle a la joie de vernir avec le groupe d'art contemporain, sa première exposition a l'Orangerie.
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Au cours des dix courtes années qui contiennent toute sa carrière artistique, Suzanne Humbert a abordé un peu tous les genres et toutes les techniques. Il serait téméraire d'affirmer dans quel domaine son talent se serait fixé s'il avait eu le temps de s'exprimer, mais il est évident que la quiétude des villages d'Ile-de-France, la paix des intérieurs familiaux l'attiraient irrésistiblement. Ce sont ces sujets traités en monotypes, et surtout en lithos en couleurs, qui ont le plus contribué à son renom. Dominique dont elle avait fait son modèle préféré, évoluant dans son cadre de tous les jours, aurait suffi à cette mère artiste pour se renouveler perpétuellement et faire entendre son chant pacifiant au milieu de la lugubre cacophonie de l'art moderne…
Un destin inexorable en décida autrement. Le 12 février 1952, comme une voleuse, la mort brutale vint frapper Suzanne Humbert en pleine ascension, en pleine jeunesse. Si cette artiste n'avait été une si grande travailleuse, il n'y aurait eu que de rares privilégiés qui eussent possédé ses oeuvres.
Peut-être cette épreuve était-elle nécessaire pour que son message soit mieux entendu. " Il faut que meurt le grain pour porter des fruits…"
" Georges Guyonnet "
Technique : huile sur toile
Format : 50 x 65 cm
Exposition à venir novembre 2021 - Galerie Treize-Dix